Le schéma “Cartes-Événements” tisse un réseau de jalons chronologiques à travers cinq dimensions complémentaires : épistémologique, anthropologique, organisationnelle, économique et civilisationnelle. Chaque événement éclaire les dynamiques qui, de la Préhistoire à aujourd’hui, ont fait basculer l’humanité vers de nouveaux paradigmes — et nous invitent désormais à franchir le Point Zéro.
1. Dimension épistémologique
- Pensée cosmognonique (– – 4 000 av. J.-C.) : mythes et animisme structurent la vision du monde.
- Polythéisme (– 4 000 av. J.-C.) : le cosmos est multiple, divisé entre panthéons divins.
- Mesure du temps (– 3 000 av. J.-C.) : premiers calendriers, signes de la maîtrise cyclique des phénomènes.
- Méditation et codification (– 1 500 av. J.-C.) : techniques intérieures (yoga, rites chamaniques) pour réguler le corps et l’esprit.
- Monothéisme (– 1 300 av. J.-C.) : un Dieu unique, principe d’unité et d’autorité universelle.
- Rationalité (– 600 av. J.-C.) : émergence de la dialectique grecque et de la géométrie, premiers fondements logiques.
- Méthode scientifique (XVIIᵉ s.) : expérimentation et preuve, naissance de la science moderne.
- Éducation de masse (XIXᵉ s.) : alphabétisation généralisée, diffusion des connaissances.
- Pensée indéterministe (début XXᵉ s.) : mécanique quantique et chaos, l’incertitude devient moteur de savoir.
2. Dimension anthropologique
- Révolution agricole (– 11 000 av. J.-C.) : domestication, sédentarisation et accroissement de la complexité sociale.
- Poussée démographique (– 10 000 av. J.-C.) : surplus alimentaires, explosion des populations.
- Propriété privée (– 9 000 av. J.-C.) : naissance des territoires et des castes foncières.
- Écriture (– 3 500 av. J.-C.) : capitalisation et transmission durable des savoirs.
- Guerre codifiée (– 2 000 av. J.-C.) : règles martiales, élaboration des stratégies et des armées permanentes.
- Droit (– 1 750 av. J.-C.) : Code d’Hammurabi, égalité formelle devant la loi.
- Monnaie (– 600 av. J.-C.) : standardisation des échanges et marchandisation du travail.
- Imprimerie (1440) : diffusion rapide des idées et structuration des consciences collectives.
- Crise écologique (XXᵉ – XXIᵉ s.) : limites planétaires, effondrement de la biodiversité.
- Révolution numérique (fin XXᵉ s.) : capillarité des échanges, intelligence collective en réseau.
3. Dimension organisationnelle
- Révolution agraire (– 10 000 av. J.-C.) : petits noyaux familiaux, stratégies de survie collectives.
- Petits noyaux familiaux (– 9 000 av. J.-C.) : premières coopérations intimes, partage des tâches.
- Castes sociales (– 5 000 av. J.-C.) : hiérarchisation rigide fondée sur la naissance et les métiers.
- Patriarcat (– 4 000 av. J.-C.) : domination masculine institutionnalisée.
- Administration (– 3 000 av. J.-C.) : bureaucratie naissante, premiers fonctionnaires.
- Démocratie (– 500 av. J.-C.) : participation directe des citoyens au processus décisionnel.
4. Dimension économique
- Comptabilité et commerce (– 7 000 av. J.-C.) : enregistrement des flux, émergence des marchés lointains.
- Travail salarié (– 1 750 av. J.-C.) : séparation croissante entre propriétaire des moyens de production et force de travail.
- Capitalisme (XVIᵉ s.) : accumulation du capital et liberté des échanges.
- Révolution industrielle (fin XVIIIᵉ s.) : machines, usines et charbon.
- Secteur quaternaire (début XXIᵉ s.) : connaissances, services à haute valeur ajoutée, régénération des ressources.
5. Dimension civilisationnelle
- Traumas non traités (– 9 000 av. J.-C.) : conflits tribaux, chocs climatiques, mémoire collective brisée.
- Leadership traumatique (Haute Antiquité) : rois conquérants, empires fondés sur la guerre.
- Patriarcat (– 3 000 av. J.-C.) : reproduction des dominations, exclusions.
- Mégalopoles (– 2 000 av. J.-C.) : Babylone, Thèbes, premiers centres urbains surpeuplés.
- Impérialisme et colonialisme (début XVIᵉ s.) : conquêtes extra-européennes, rivalités mondiales.
- Guerres mondiales (XXᵉ s.) : conflits totaux, remise en cause des États-nations.
- Mondialisation (fin XXᵉ – XXIᵉ s.) : interdépendance économique et culturelle planétaire.
Leçons pour franchir le Point Zéro
- Interconnexion des dimensions : tout changement épistémique irrigue l’anthropologie, l’organisation, l’économie et les civilisations.
- Rôle de la conscience : chaque basculement a échoué quand la conscience collective est redescendue sous le seuil de résilience.
- Vers une épistémologie régénérative : combiner savoirs scientifiques, intuitions ancestrales et créativité collective pour guérir les traumatismes non traités.
- Organisations apprenantes et économie contributive : ancrer la gouvernance dans la participation active, libérer du temps pour l’innovation sociale et écologique.
- Récits unificateurs : co-construire un récit culturel nourri de la complexité, où chaque individu devient acteur conscient de la mutation planétaire.
Le Point Zéro est la confluence de ces cinq cartes : un appel à tisser des liens entre disciplines, à élever notre conscience et à orienter l’innovation vers la régénération du vivant et la solidarité globale.