Dès l’Antiquité, des historiens comme Hérodote, Thucydide, Polybe, Tite-Live et Tacite ont documenté l’essor et le déclin des civilisations. Cette compréhension des dynamiques sociétales a été approfondie à travers le temps pour aboutir aux modèles modernes crées par Arnold Toynbee, Oswald Spengler, Pitirim Sorokin, Alexandre Deulofeu, Michel Bauwens ou Marc Halévy.

Les civilisations se construisent autour d’un paradigme particulier, qui peut être défini comme un état désirable atteint par un principe. Par exemple, pour les Grecs, il s’agissait de l’harmonie par la sagesse. Des leaders et des communautés qui incarnent ce paradigme vont ensuite relever des épreuves qui vont le faire grandir dans le monde, jusqu’au moment où il va s’épuiser.

C’est ainsi que les civilisations passent par un cycle avec des phases de fondation, d’essor, d’apogée, de déclin et de disparition qui matérialise l’évolution de l’idéal de vie qu’elles portent. Or, le paradigme qui dirige la civilisation moderne, celui de liberté individuelle atteinte par le progrès technique, donne tous les signes de fin de cycle, indiquant l’entrée dans une nouvelle phase.

Les cycles qui régulent le destin des sociétés humaines ne se limitent pas à la seule dimension civilsiationnelle. En réalité, ils sont au nombre de 5, l’histoire humaine étant le produit de leur entrelacement permanent :

• Économique : rapport au travail et à la production
• Organisationnel : rapport à la structure de pouvoir et la collaboration
• Anthropologique : rapport à l’environnement et à l’artificialisation
• Épistémologique : rapport à la conscience et à la connaissance
• Civilisationnel : rapport au paradigme et à l’expression culturelle

A chaque fois que l’un de ces cycles historiques a eu des points de recoupement avec les autres, il s’est produit des événements majeurs qui ont bouleversé toute l’humanité. Pour la première fois de l’histoire, ces 5 natures de cycles passent par un point d’inflexion au même moment.

Cela donne une idée de la fantastique profondeur de transformation que l’humanité traverse actuellement. Nous nous engageons dans un carrefour aux dimensions encore jamais vues, ce qui nous met face à un vide qui peut, selon la perspective, apparaître comme un gouffre terrifiant ou, au contraire, comme une source de création inouïe.

L’enjeu de cette métamorphose est encore accrue par le fait que nous sommes huit milliards sur la planète, que nous sommes connectés à travers un réseau mondial comme un cerveau géant, que avons le pouvoir d’altérer notre propre biologie et que nous pouvons détruire la biosphère.

C’est aussi la première fois que nous avons autant d’informations sur notre passé, ce qui ouvre la possibilité de réinterpréter notre histoire sous une lumière totalement nouvelle, qui passe en premier lieu par la prise de conscience que nous sommes en train de clôturer un cycle entamé avec l’entrée dans l’Anthropocène, cette époque géologique où l’influence humaine est devenue la force dominante sur la planète.

Ce cycle de 13 000 ans a été marqué par une deconnexion croissante avec le cosmos et le vivant et nous atteignons aujourd’hui les limites ultimes de ce paradigme basé sur la domination et le règne de l’ego. La transition que nous vivons n’est pas simplement technologique ou économique : c’est une mutation de la conscience humaine elle-même.

Chaque tournant de siècle et de millénaire voit émerger son lot de prophéties tonitruantes qui annoncent l’entrée dans une nouvelle ère, face à laquelle la conscience réagit souvent par le constat qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Afin d’avoir une vision raisonnée de la réalité du Point Zéro, il y a 10 manifestations observables du passage imminent à un nouveau modèle civilisationnel à considérer.

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