Les grandes révolutions sociales, économiques et technologiques qui ont marqué l‘histoire récente de l’humanité ont laissé dans l’ombre 5 grands impensés qui, depuis les coulisses, continuent à conditionner nos comportements collectifs :

  • Impensé épistémologique : nous sommes actuellement coupés du vivant par un récit qui affirme que notre conscience est séparée du reste du monde et qu’il est nécessaire de diviser le réel pour le comprendre.
  • Impensé anthropologique : nous sommes enfermés dans une bulle artificielle qui entretient en nous des croyances incapacitantes et perpétue un patrimoine de traumas collectifs transgénérationnels.
  • Impensé organisationnel : les organisations sont construites sur des cadres aliénants basés sur la méfiance et le contrôle, qui suscitent comportements négatifs que nous finissons par confondre avec la nature humaine.
  • Impensé économique : l’économie est basée sur l’exploitation des peurs et des traumas, capte l’attention et empêche l’émergence de toute action transformatrice d’ampleur tout en renforçant la culpabilité colletive.
  • Impensé civilisationnel : la civilisation moderne repose sur la combinaison de l’insécurité collective et d’un leadership qui repose en grande partie sur le triangle dramatique (sauveur/victime/persécuteur).

Le décodage de cette architecture invisible qui pilote en sous-main la vie des sociétés humaines donne la clé des les principaux mécanismes d’aliénation qui instrumentalisent toutes les tentatives de changement pour reproduire le passé.

Depuis des millénaires, l’humanité produit des utopies pour réparer le monde, qui échouent les unes après les autres tandis que les crises s’aggravent. En réalité, ces échecs viennent d’une mauvaise compréhension des principes qui gouvernent le psychisme collectif.

La conscience humaine est prisonnière de l’équivalent d’un labyrinthe constitué par la combinaison d’un paradigme nihiliste, du pratico-inerte, de traumas collectifs, d’un leadership traumatique, de cadres organisationnels incapacitants et de la roue du hamster dans laquelle nous maintient l’économie.

Toutes ces strates d’impensés forment l’équivalent d’un véritable trou noir qui intercepte toute velléité de changement. C’est pourquoi, avant même de chercher à transformer le système, il s’agit de réaliser comment ce dernier se reproduit à travers les tentatives de se libérer de lui.

Les expériences de conformité sociale menées par Solomon Asch, Muzafer Sherif, Milton Milgram et autres montrent que la majorité des gens dans les pays développés se conforment à la pression sociale, même si cela les amène à des actes immoraux ou stupides. On peut ainsi estimer qu’environ deux tiers de la population a un profil psychologique insécure.

C’est cette donnée qui permet de prédire qu’en face de la déferlante de crises à venir, il va se produire une escalade des stratégies de déni : les peuples vont continuer à se distraire par tous les moyens pour échapper à la réalité, chercher des boucs émissaires, soutenir des totalitarismes qui assurent un retour à l’ordre, suivre avec ferveur des prophètes qui promettent une rédemption spirituelle, ou espérer en des miracles scientifiques et technologiques qui les sauvent de leurs folies.

La plupart des croyances limitantes qui provoquent aujourd’hui l’autodestruction de l’humanité ont commencé à se constituer avec la révolution agraire qui a pris place il y a environ 13 000 ans. Et même si le Point Zéro va se traduire par une métamorphose accélérée, le projet d’une fondation civilisationnelle s’inscrit sur le long terme. C’est un pari sur l’avenir, similaire à celui des bâtisseurs de cathédrales qui dévouaient leur vie entière à une œuvre dont ils savaient qu’ils ne verraient pas le jour.

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